Top 10 des films 2011

Une nouvelle année commence ! La période des cérémonies (Golden Globes, Césars, Oscars) est lancée... Il est temps nous aussi de faire un bilan des meilleurs films de 2011 :


1- I Saw the Devil (Kim Jee-Woon) : LA Claque de l'année 2011, et un énième chef-d’œuvre cinématographique venant du pays du matin calme. Débutant comme un "vigilante" classique, Kim Jee-Woon parvint à retourner les codes narratifs et moraux du film de vendetta classique pour livrer une oeuvre dérangeante, jusqu’au-boutiste et ultra-violente. S'éloignant du style maniériste et post-moderne qui caractérisait les œuvres précédentes du réalisateur sud-coréen, ce dernier nous livre un film au montage nerveux et à l'esthétique magnifique qui lorgne parfois vers un baroque rappelant Dario Argento. Jamais l'ultra-violence n'a été filmée sous des atours aussi beaux.


2- Drive (Nicolas Winding Refn) : La deuxième grosse claque de l'année 2011... Nous n'allons pas revenir sur le nouveau chef-d’œuvre de Nicolas Winding Refn maintes fois commenté, décortiqué et analysé dans la presse. Drive est un film sensoriel et jouissif dont la puissance esthétique se révèle à chaque visionnage. Drive est un film qui se vit tout simplement. D'une classe inouïe et d'une beauté formelle à tomber par terre, Drive donne franchement envie de voir le prochain long-métrage du réalisateur danois, un polar néo-noir situé à Bangkok qui, selon les derniers dires du réalisateur, reprendrait les archétypes narratifs du western pour l'adapter au monde de la boxe thaïlandaise. Mon film le plus attendu de 2012.


3- Kill List (Ben Wheatley) : Débutant comme un film réaliste dans la droite lignée d'un Ken Loach, le film s'éloigne progressivement de ce ton naturaliste pour s'aventurer dans le polar noir, avant de bifurquer vers une ambiance fantastique et ésotérique évoquant The Wicker Man. Ce parti-pris aurait pu nuire au rythme du film, il est au contraire l'une des grandes qualités de ce long-métrage. A noter les excellentes performances des acteurs qui font de ce film l'un des tous meilleurs de 2011.


4- Bullhead (Mikael R. Roskam) : Premier film, premier chef-d’œuvre pour Mikael Roskam. A la fois drame intimiste et polar noir, ce film, au récit dense, parvient à trouver un juste équilibre entre les nombreux personnages. Bullhead marque également la révélation d'un futur très grand acteur, Matthias Schoenarts (découvert dans l'excellent film fantastique flamand : Left Bank), dont la violence impulsive et son caractère fragile en font l'un des personnages les plus marquants de cette année cinématographique.

5- Guilty of Romance (Sono Sion) : Inclassable, fou, baroque, Guilty of Romance est un film hors-norme. Brassant de nombreuses thématiques, évoquant à la fois Luis Bunuël, Alejandro Jodorowky, Dario Argento et Mario Bava, Sono Sion mène ce ballet où sexe, violence, frustration sexuelle, folie, pulsions meurtrières se mélangent pour aboutir à cette œuvre ultra-stylisée et à la texture narrative incroyablement complexe. Un petit bijou !


6- Balada Triste (Alex de la Iglesia) : Pour ce film, il me suffit de reprendre les superlatifs du film précédent et les apposer ici. Car Balada Triste est également un film fou, baroque, excessif et... ultra-vénère. Doté d'un humour noir caractéristique du réalisateur, ce dernier livre un hommage à tout un pan d'un cinéma, Tod Browning entre autres, ainsi qu'aux films de monstres Universal des années 30 (voir le superbe générique de début, l'un des plus impressionnants de ces dernières années, avec celui d'Enter the Void, de Gaspard Noé). Ce film est avant tout centré sur le destin de 3 personnages qui, à leurs manières, sont une métaphore de l'Espagne, meurtrie par 40 années de franquisme, une Espagne tiraillée entre séditions antifascistes et velléités franquistes. Parabole politique, thriller hargneux, Balada Triste est un film fou.


7- Essential Killing (Jerzy Skolimowki) : Reprenant un sous-genre très prisé du cinéma américain des années 70 (le "survival", ou bien la survie dans un milieu naturel hostile, sous-genre qui a été popularisé par Délivrance, de John Boorman), le réalisateur livre une œuvre hypnotique et épurée dont la quasi-absence de dialogue renforce cet aspect existentiel, voire spirituel, présent dans le film. Sans temps mort, Essential Killing raconte la chasse à l'homme entre un taliban, dont le jeu habité de Vincent Gallo fait merveille, et les forces américaines. A la fois parabole christique et film de poursuite dans des paysages magnifiquement filmés, Essential Killing est l'un des films les plus surprenants de 2011.

 

8- Bellflower (Evan Glodell) : Découvert à la première édition du Paris International Fantastic Festival, organisé par Mad Movies, le film fut vendu, à tort, comme un film fantastique. Le film est surtout une histoire d'amour tragique. C'est aussi une histoire d'amitié entre 2 personnes, fans de Mad Max, qui durant leurs heures libres construisent une voiture customisée (en référence à la voiture de Mel Gibson dans Mad Max 2) pour faire face à une éventuelle fin du monde. Doté d'une photographie magnifique et d'une image granuleuse, tels ces films Grindhouse des années 70, Bellflower est un film viscéral qui prend aux tripes. Film fétichiste (les objets, symboles et références renvoyant à Mad Max), porté par d'excellents acteurs, Bellflower est avant tout un film qui montre que la véritable "apocalypse", finalement, est d'être trompé par la personne aimée.


9- Les Géants (Bouli Lanners) : Avec Les Géants, Bouli Lanner renoue avec son ambiance poétique et décalée de son excellent précédent film Eldorado. Centré sur 3 jeunes adolescents (2 frères et un ami) délaissés par leurs parents, Les Géants est un récit initiatique dans lequel les trois ados doivent faire face au monde grotesque et violent du monde des adultes. Empreint d'une tonalité tragi-comique à la poésie absurde typique du réalisateur, Les Géants est l'un des films les plus attachants de 2011. Avec, en prime, un morceau rock'n'roll garage magnifique. Si d'aventure quelqu'un connaitrait le titre, ainsi que le nom du groupe, faites le moi savoir.



10- L'Exercice de l’État (Pierre Schoeller) : L'un des films français les plus intéressants de 2011, qui plus est un film politique, fait assez rare dans le paysage cinématographique français pour le souligner. Porté par des acteurs remarquables, Olivier Gourmet et Michel Blanc en tête, l'Exercice de l’État est un film fascinant sur le monde de la politique française. A la fois thriller politique atypique, l'une de ses grandes qualités, je trouve, est d'être dénué d'un didactisme lourdingue, écueil de certains films politique. L'exercice de l'état est aussi habité d'une tension palpable du début à la fin qui maintient éveillée l'attention du spectateur. Un très bon film qui montre, en filigrane, les mutations actuelles du monde politique. Un film intéressant à plus d'un titre.

Valentin B