Festival de Cannes, visite guidée (épisode 5)


Le parapluie, quelle belle invention ! Il aura joué un rôle primordial lors de mon séjour à Cannes, me protégeant de la pluie ET du soleil. Car aujourd'hui, la chaleur est harassante... Le bonheur de s'enfermer dans les salles obscures (climatisées) est donc double.


Direction le "Théâtre Croisette JW Marriott" pour y découvrir Ernest et Célestine de Benjamin Renner,  Stéphane Aubier et Vincent Patar, un long métrage d'animation adapté des célèbres livres jeunesse ("Ernest, gros ours marginal, enrhumé, affamé, fouille les poubelles en quête de victuailles. C'est ainsi qu'il rencontre Célestine, une petite souris qu'il allait engloutir par mégarde. Va naître entre eux une amitié, au grand dam du monde du dessous (celui des souris) et du monde du dessus (celui des ours").

C'est une séance spéciale qui accueille de nombreux enfants et leurs parents. Une véritable clameur résonne dans la salle. Un garçon, assis à côté de moi, s'adresse à son père, un peu déçu : "Y a pas de jeu ? C'est nul, c'est que des films ?". Qu'il se rassure, Lambert Wilson (qui double la voix d'Ernest) monte sur scène et annonce qu'un goûter sera offert après la projection. Ovation générale des enfants, et sifflements des adultes qui n'y auront pas droit !


Quant au film, c'est une réussite autant visuelle que narrative : le parti pris esthétique original (façon peinture aquarelle "inachevée"), l'animation géniale, les gags enfantins mais efficaces, l'histoire inventive, tendre et malicieuse. Seul hic, je retrouve de nombreux détails d'un scénario que j'avais envoyé, il y a quelques années, aux "Armateurs", la société qui produit le film... Cependant, il faut bien avouer que, s'il y a plagiat (partiel), les réalisateurs sont parvenus à donner vie à un univers cinématographique cohérent, personnel et admirablement conçu...


Pas le temps de ruminer ma colère, le timing est serré, je me précipite à la "Salle du Soixantième" pour assister à la projection de Cléo de 5 à 7 d'Agnès Varda (Cléo, belle et chanteuse, attend les résultats d'une analyse médicale. De la superstition à la peur, de la rue de Rivoli au Café de Dôme, de la coquetterie à l'angoisse, de chez elle au parc Montsouris, la jeune femme vit 90 minutes particulières. Son amant, son musicien, une amie puis un soldat (permissionnaire avant de retourner se battre en Algérie) lui ouvrent les yeux sur le monde).


C'est une façon pour Thierry Frémaux de répondre à la polémique qui avait éclaté lorsque la programmation du Festival avait été dévoilée fin avril (on lui reprochait l'absence de réalisatrices). "Il ne s'agit pas de faire absolument la parité. Un film est sélectionné à Cannes parce qu'il est bon, qu'il soit réalisé par un homme ou une femme". C'est le cas ici, puisque Cléo de 5 à 7, tourné en 1962, a été l'un des représentants de la Nouvelle Vague et du féminisme. Parmi le public, un spectateur de choix acquiesce, le réalisateur américain Alexander Payne (membre du jury), venu témoigner son admiration pour Varda.


Je termine ma journée à la "Salle Buñuel" pour visionner la version restaurée de Voyage en Italie de Roberto Rossellini (en présence de son fils compositeur, Renzo). Mais, étant placé dans une rangée de sièges trop excentrés de l'écran, la projection est insupportable et n'a plus de sens. J'ai l'impression de découvrir un nouveau format "1/6" ou anamorphosé verticalement sans optique correcteur. Et les sous-titres sont illisibles (blancs sur image blanche...), ce qui m'agace. Autant regarder un bon DVD chez soi... Après 20 minutes sans parvenir à m'immerger dans le film, je décide de partir...


... à Cuba, "Salle Debussy" (7 days in Havana, 9 courts métrages réalisés par un collectif, dont Benicio Del Toro, Gaspard Noé et Laurent Cantet). Mais là encore, au bout de 2 heures dans la file d'attente, en présence d'une foule immense (la Presse étant prioritaire), je n'arrive pas à destination. Après une halte exotique à la discothèque "Baoli", mon voyage s'achève au lit...


À suivre...
Maxime Lesage